Music-Hall

De Jean-Luc Lagarce • Avec Catherine Hiegel • Mise en scène Marcial Di Fonzo Bo

image du spectacle
image du spectacle
image du spectacle

4/10/2022 OCTOBRE 2022 > 8 JANVIER 2022

Durée : 1h

Horaires

Du mardi au samedi 19h ou 21h (en alternance). Dimanche 16h

Tarifs

Plein Tarif  : 27 €  • Tarif réduit : 15 €

En piste : une chanteuse de music-hall sur le retour révèle face au public ses aventures de tournées.
Se produisant le plus souvent dans des salles des fêtes avec ses deux Boys, elle entretiendra l’illusion d’un grand spectacle pour ne pas laisser mourir ses rêves sur un air de Joséphine Baker :


« Ne me dis pas que tu m’adores‚ 
Embrasse-moi de temps en temps‚ 
Un mot d’amour‚ c’est incolore‚  
Mais un baiser‚ c’est éloquent...» 
(De temps en temps, Joséphine Baker)

«Catherine Hiegel, magistrale et sublime, offre une interprétation extraordinaire. Du très grand théâtre !»
La Terrasse

Lire l'article

«Sa voix unique, son phrasé féroce et sa gestuelle toujours mordante y font merveille» ♥♥♥
Le JDD

Lire l'article

«Catherine Hiegel est impériale. A ne pas manquer »
La Figaro

Lire l'article

« Une immense actrice » 
L'obs

« Fabuleuse performance qui laisse le spectateur hilare, ému, béat d'admiration»
Télérama TTT

Lire l'article

«Catherine Hiegel est magnifique»
Le Monde

Lire l'article

De Jean-Luc Lagarce
Mise en scène Marcial Di Fonzo Bo
Avec Catherine Hiegel, Raoul Fernandez, Pascal Ternisien
Costumes : Mine Barral Vergez
Création musicale : Etienne Bonhomme
Maquillage : Cécile Kretschmar

ENTRETIEN Catherine Hiegel & Marcial Di Fonzo Bo

Par Pierre Notte

Vous vous rencontrez à la Comédie-Française, avec La petite dans la forêt profonde en 2008. 
Que découvrez-vous alors l’un de l’autre que vous ne savez déjà ? 
Catherine Hiegel. Je savais que Marcial était un grand acteur, je l’avais vu joué, à plusieurs reprises. J’ai découvert à la Comédie-Française qu’il était aussi un grand metteur en scène… Cela vérifiait l’adage selon lequel un grand metteur en scène est aussi le plus souvent un grand acteur… Je dirais même qu’un metteur en scène doit toujours être aussi un grand acteur !

Marcial Di Fonzo Bo. Quand la Comédie-Française m’a proposé de faire une mise en scène, j’ai tout de suite demandé à travailler avec Catherine, sans savoir ce que nous allions faire ensemble. Je lui ai demandé quel rôle elle n’avait jamais joué. Elle m’a dit : « Je veux jouer un enfant. » Depuis toujours, je voulais travailler autour des Métamorphoses d’Ovide. Philippe Minyana a adapté pour Catherine l’histoire de Philomèle, une petite fille abusée par le roi qui deviendra rossignol. Malgré son impressionnante présence scénique, j’ai découvert que Catherine était terriblement pudique, et très respectueuse du jeune acteur qui jouait le roi. 

 

Catherine, vous avez joué La Mère et Une femme sous la direction de Marcial. Aujourd’hui Les Règles… et Music-Hall. Vous travaillez pourtant rarement avec le même metteur en scène…
Catherine Hiegel. C’est faux… J’ai travaillé à plusieurs reprises avec Jorge Lavelli ou avec Jacques Lassalle… Quand je les trouve bons, et quand ils veulent bien retravailler avec moi, je trouve merveilleux de renouveler l’expérience, ça s’est produit plusieurs fois ! Et je trouve formidable que cela se reproduise, pour l’instant, avec Marcial !

Marcial, quand découvrez-vous Lagarce ? Qu’est-ce qui vous attache à son écriture ?
Marcial Di Fonzo Bo. J’ai rencontré Jean-Luc quand il est venu en Bretagne avec sa mise en scène du Malade imaginaire. J’étais élève à l’école du TNB, arrivé en France depuis peu. Cette troupe m’impressionnait, Mireille Herbstmeyer, Bernard Bloch, Olivier Py... Après la mort de Jean-Luc, j’ai continué à voir toutes les mises en scène de ses textes, avec le sentiment qu’il revenait aux artistes de cette génération précédente de poursuivre son œuvre. Quand François Berreur est venu à la Comédie de Caen mettre en scène le nouveau Portrait Lagarce, avec Laurent Poitrenaux et moi-même, j’ai découvert son écriture en tant qu’acteur, depuis le plateau. Jouer Lagarce, c’est extrêmement difficile et contraignant. Une partition complexe pour un acteur. Une sorte de pari…

 

Catherine, vous jouiez J’étais dans ma maison et J’attendais que la pluie vienne en 2005… C’est une écriture, une musique, une langue que vous retrouvez aujourd’hui…
Catherine Hiegel. La langue des Règles du savoir-vivre est assez différente de celle des pièces majeures de Lagarce. Elle comporte ses pièges, ses aspérités… En comparaison avec J’étais dans ma maison, qui est la seule pièce que j’ai pu jouer jusque-là, je ne retrouve pas les mêmes difficultés. J’en trouve d’autres. C’est ça qui est intéressant… Dans Music-Hall, la construction de la phrase se rapproche de celle des grandes œuvres. C’est une langue qui voyage, avec ses arrêts, ses « incidentes », ses méandres. C’est en apprenant par cœur le texte, en digérant ses pièges, que j’arriverai peut-être à construire une pensée concrète, qui me permettra d’incarner le personnage…

 

Marcial, quelle est la priorité du metteur en scène, quand il se retrouve face à Catherine Hiegel ? 
Marcial Di Fonzo Bo. C’est le désir même de travailler à nouveau avec Catherine, après Une femme en 2014, qui est le moteur de ce projet. Ce texte aurait pu être écrit pour Jacqueline Maillan. Catherine est une actrice très drôle, et on n’a pas l’habitude de la voir dans ce répertoire. Je ne fais qu’accompagner le travail de l’acteur. Comme un double. Les choix de la mise en scène et de l’interprétation sont une sorte d’addition entre ma vision de départ, la personnalité de Catherine, et le fruit de nos échanges… Catherine est aussi metteuse en scène, et une actrice très autonome. Ensemble, nous arpentons l’écriture et découvrons l’œuvre.

 

Y a-t-il une résonance évidente entre le monde de Lagarce, des Règles et de Music-Hall, et le monde d’aujourd’hui ?
Marcial Di Fonzo Bo. Je suis né en Argentine, un pays très catholique. Une grande partie de la société s’organise encore autour des rituels décrits dans le texte par la baronne de Staffe et la société française du dix-neuvième siècle. Pour ce qui est des Règles du savoir-vivre, je pense malheureusement que le retour à la morale, à l’entre soi, à la préférence nationale, à l’avarice, sont encore d’actualité en France. Il ne faudra pas chercher une actualité dans Music-Hall... Le duo de « boys » autour de Catherine sera interprété par des acteurs d’âge mûr. Un trio propre aux films de Fellini, à l’image des prestidigitateurs et des figures du music-hall des années vingt… Les personnages sont les protagonistes éternels d’une comédie désuète. Tels des revenants, on les retrouve encore sur scène, toujours en tournée, travailleurs et rêveurs. Le texte est un hommage au métier de l’acteur, éphémère et inutile, peut-être. Un recommencement perpétuel de l’imaginaire sur scène, l’art vivant. 

Catherine Hiegel. Avec Music-Hall, on assiste à la douce fin d’un monde, la belle agonie d’un état d’esprit, une insouciance ou une légèreté qui n’ont plus leur place dans le monde d’aujourd’hui. C’est la nostalgie d’une chose qui s’éteint, tendrement. Les Règles, c’est plutôt le grand retour d’un monde réactionnaire… Il y a même un passage sur les prénoms qui devraient être donnés aux enfants de France, selon le calendrier des Saints… La résonance avec le monde d’aujourd’hui est peut-être plus forte qu’au moment de la création, quand on assiste aujourd’hui aux retours des mouvements réactionnaires en France, en Europe, aux Etats-Unis, partout dans le monde…



Coproduction : Comédie de Caen, CDN Normandie

En partenariat avec Paris Première, TSF Jazz, Télérama Sorties, Libération, Transfuge, La terrasse

Remerciements Opéra National de Paris – Direction Alexander Neef